4 novembre 2020 Valérie

📌 Point presse : L’OPMC, un concert unique en Europe

Le concert du dimanche 1er novembre a été maintenu malgré les annulations des manifestations culturelles dans les autres pays.

Il n’y a peut-être eu qu’un seul concert symphonique en Europe dimanche 1er novembre : celui du Philharmonique de Monte-Carlo.

On est admiratif, fier de ses musiciens. On sait aussi l’importance qu’a eue dans cette affaire l’action de leur délégué artistique Didier de Cottignies.

Dans la salle, le public était monégasque et italien. Quelques Français étaient là, aussi, ayant bravé le confinement. Tout cela était normal à Monaco puisque la Principauté n’avait pas interrompu ses activités culturelles, mais sachant le monde alentour à l’arrêt, nous avions presque l’impression de participer à un action aventureuse et clandestine !

Est-ce une idée, mais il m’a semblé que l’ardeur avec laquelle l’orchestre s’engagea dans le concerto de Bruch avait quelque chose de plus conquérant, plus vaillant que d’habitude, comme une troupe qui se serait lancée dans un combat vital. Tous derrière le panache du violon-solo David Lefèvre !

Le soliste du concerto de Bruch était Sergej Krylov. Celui-ci remplaçait le violoniste initialement prévu, Valeriy Sokolov, contrôlé positif au COVID avant de prendre l’avion pour Monaco. Krylov appartient à la race des fonceurs. Il avance tête baissée dans le concerto. Rien ne l’arrête. Il oppose sa robustesse à toutes les difficultés de la partition. Avec un tempérament tzigane, il fait vibrer la corde sensible. Sa prestation fut éblouissante. En bis, il fit étinceler une sonate d’Ysaÿe.

La symphonie au programme était la Troisième de Bruckner. Voilà une œuvre copieuse, abondante, au cœur de laquelle s’élèvent de formidables fanfares. Le grand chef finlandais Jukka-Pekka Saraste guida l’orchestre d’une main sûre dans cette partition qui a l’épaisseur d’une forêt nordique. Le Philharmonique faisait vibrer la salle de ses coups d’éclat. Les cuivres resplendissaient – la trompette de Matthias Persson, le cor d’Andrea Cesari en particulier – tandis que tout là haut les timbales de Julien Bourgeois martelaient magnifiquement leur marche grandiose.

Le concert était retransmis en direct sur le site de l’orchestre. Si ça se trouve, il y a eu des gens pour l’entendre à l’autre bout de l’Europe et capter le message émanant d’une Principauté peuplée d’irréductibles défenseurs de la grande musique.

André PEYREGNE