D. Lozakovich, D. Fray (© André Peyrègne)
Monaco
Monte-Carlo (Auditorium Rainier III)
05 mars 2023
Johann Sebastian Bach : Sonates pour violon et piano en do mineur, BWV 1017, en fa mineur, BWV 1018, et en mi majeur, BWV 1016 – Partita pour clavier n° 2 en do mineur, BWV 826 – Partita pour violon seul n° 2 en ré mineur, BWV 1004
Daniel Lozakovich (violon), David Fray (piano)
Dans la série des concerts de musique de chambre organisés par le Philharmonique de Monte-Carlo, le violoniste Daniel Lozakovich et le pianiste David Fray se sont produits dans un programme consacré à des sonates et partitas de Bach.
Leur duo a été constitué pour ce concert. Le moins qu’on puisse dire est que ce fut une réussite ! Ils ont fait merveille. Il fallait entendre ces deux solistes rivalisant de brio. Chacun reprenait au vol la phrase de l’autre, l’ornait, la contrepointait, puis la lui renvoyait plus belle encore, dans un dialogue étincelant, fait de répliques et de contrepoints. Tous deux donnaient vie à des allegros dansants, pleins d’énergie et de swing, ou à des andantes infiniment sereins, suspendus au-dessus du silence. Car la musique de Bach est tout cela !
Quoi, diront les intégristes de la musique baroque ? Jouer Bach sur un piano à queue Steinway et sur un violon sans cordes en boyaux ni archet ancien ? Eh bien oui, on peut le faire ! On peut y prendre un plaisir extrême !… Et on peut même – comme ce fut le cas ici – ajouter un brin de romantisme à son interprétation. Cela prouve le modernisme et l’universalité de Bach.
Ce concert fut jubilatoire. Le jeune Lozakovich joue avec une justesse parfaite et une sonorité totalement pure. Au milieu du programme prenait place la Partita en ré mineur pour violon seul – celle qui se termine par la géniale Chaconne. Ce violoniste à l’allure de grand adolescent la joua avec une sonorité angélique et une autorité de maître. A la fin de l’œuvre, et bien que le concert ne fût pas terminé, toute la salle se leva pour l’acclamer.
David Fray s’imposa une fois de plus comme un de nos meilleurs interprètes français de Bach au piano. Il fit cela non seulement dans les sonates pour violon et clavier mais aussi dans la Partita en do mineur pour clavier seul.
Ces deux interprètes semblent avoir tout compris de Bach – dans la mesure où cela est possible ! En tout cas, ils nous en ont donné une belle leçon…
André Peyrègne