Meister, F. P. Zimmermann (© Orchestre philharmonique de Monte‑Carlo)
Monte-Carlo (Auditorium Rainier III)
12 mai 2023
Edward Elgar : Concerto pour violon en si mineur, opus 61
Antonín Dvorák : Symphonie n° 6 en ré majeur, opus 60, B. 112
Frank Peter Zimmermann (violon) – Orchestre philharmonique de Monte‑Carlo, Cornelius Meister (direction)
Il est des endroits dont la visite intimide, dans lesquels on ne se sent pas à l’aise, qui nécessitent un bon guide pour être sûr de ne pas se perdre. Tel est le Concerto pour violon d’Elgar. Avec sa durée de trois quarts d’heure, il est l’un des concertos les plus longs de l’Histoire de la musique. Son parcours est complexe. On ne comprend pas toujours où il nous amène. On s’égare dans Elgar. Des musicologues consciencieux ont compté jusqu’à six thèmes dans son premier mouvement. Gare à Elgar !
On a en effet besoin d’un guide expérimenté pour se retrouver dans les méandres et les couloirs sombres de cette musique. Ce guide, nous l’avons eu en la personne du violoniste Frank Peter Zimmermann. Voilà quelqu’un qui nous met en confiance. On sent sa maîtrise, sa sûreté – même s’il ne joue pas par cœur et a besoin d’une partition devant lui. Il rassure, il éclaire les passages obscurs. Son assurance, sa virtuosité, sa justesse impeccable impressionnent. Résultat : à la fin, il obtint autant de succès que s’il avait joué le concerto de Beethoven ou de Tchaïkovski. Une sarabande de Bach donnée en bis fut la bienvenue.
Au cours du même programme, on entendit la Sixième Symphonie de Dvorák. Dans sa production, elle vient trois numéros avant la Symphonie « Du nouveau monde ». Cela ne signifie pas qu’elle appartient à un « ancien monde ». Non, elle n’a rien d’une œuvre passée. Elle est pleine d’ardeur et de dynamisme. Parfois, on croit entendre du Brahms et non du Dvorák. Alors se glisse (dans le troisième mouvement) un rythme de furiant pour nous rappeler qu’on est au pays des danses tchèques.
Cette symphonie fut dirigée avec rigueur et vigueur par le chef allemand Cornelius Meister. Jeune et dynamique, arrivant sur scène d’un pas décidé, il garde son énergie tout au long de l’œuvre. Il mérite son nom germanique de « maître ».
André Peyrègne