On vit entrer sur scène une haute silhouette légèrement voûtée, couronnée de cheveux blanc. Christian Zacharias prit la parole, la gorge nouée : « Ceci est mon premier concert depuis le 1er mars. ».
Eh oui, telle est la situation actuelle de la profession artistique. A l’arrêt depuis un an. Pour combien de temps encore ?
Même les solistes les plus célèbres – Christian Zacharias en fait partie – sont réduits au silence.
Et les concerts monégasques qui sont parmi les rares à être donnés en public ne peuvent accueillir tous les solistes du monde !
Christian Zaccharias était donc à l’affiche du Philharmonique de Monte-Carlo dimanche. Il intervenait comme pianiste et comme chef d’orchestre.
Disons le tout de suite, c’est le pianiste en lui qui nous a séduit.
Au programme l’ouverture des « Noces de Figaro » et le 19ème concerto de Mozart, la symphonie « La poule » de Haydn et la « Sinfonietta » de Poulenc.
Le titre du concert était « Apothéose du classicisme ». La musique de Poulenc peut en faire partie. Dans sa « Sinfonietta » composée en 1948, le compositeur français s’est en effet souvenu du style de Haydn – même si certains thèmes, ciselés à la manière classique sont développés dans un style hollywoodien.
Dans le concerto de Mozart, Christian Zacharias fit étinceler son toucher mozartien. Il nous séduisit avec son phrasé tantôt câlin, tantôt bondissant, toujours élégant. Au bout de son année de silence, il est et demeure un magnifique mozartien.
Voilà pour le pianiste. Pour ce qui est du chef, il n’a pas su exploiter toutes les possibilités qu’offre le magnifique orchestre de Monaco. La symphonie la « Poule » de Haydn nous a paru lourde, la « Sinfonietta » de Poulenc manqua de plans sonores, de contrastes, de souplesse dans les enchaînements de pupitres.
C’est le pianiste en Zacharias dont nous garderons le souvenir lors de ce concert émouvant pour lui. Et pour nous.
André PEYREGNE