27 septembre 2023 Valérie

📌 Point presse : « Résurrection » réussie

 (© OPMC)

Monaco

Monte-Carlo (Grimaldi Forum)
24 septembre 2023

Andrzej Panufnik : Sinfonia sacra
Gustav Mahler : Symphonie n° 2 « Résurrection »

Eleanor Lyons (soprano), Catriona Morison (mezzo‑soprano)
CBSO Chorus, Simon Halsey (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Monte‑Carlo, Kazuki Yamada (direction)

Ah, on n’est pas près d’oublier l’acclamation qui a jailli de la grande salle du Grimaldi Forum de Monaco à la fin de la Symphonie « Résurrection » de Mahler ! Après une heure et demie d’écoute de cette œuvre monumentale qui, dans ses cinq mouvements, avait porté le public, comme une succession de vagues immenses, vers des sommets d’exaltation, la salle explosa en bravos. Elle applaudit l’Orchestre philharmonique, le Chœur de l’Orchestre symphonique de la ville de Birmingham (CBSO), les deux chanteuses solistes et le chef Kazuki Yamada.

Depuis plusieurs années que l’on voit évoluer ce chef à Monaco, on a l’impression que cette Deuxième Symphonie l’a fait franchir un pas de plus dans l’ascension de sa carrière. Arriver à susciter un intérêt constant dans le déroulement d’une œuvre de presque quatre‑vingt‑dix minutes n’est pas donné à tout le monde. Il assura ce tour de force. Totale maîtrise de sa direction, clarté et précision parfaites. Il obtenait ici les pianissimos infiniment ténus, là des crescendos de folie.

Cette symphonie aux dimensions dantesques, qui, dans son final, a l’ambition d’ébranler le Ciel pour proclamer la Résurrection, nécessite un orchestre démesuré : bois par quatre (deux fois plus que dans une symphonie classique), onze cors, neuf trompettes, deux jeux de timbales, des percussions à ne plus savoir qu’en faire, un orgue. Certains instruments jouent en coulisse pour créer un effet d’éloignement. On évolue ici dans un monde de géant. Lorsqu’au bout d’une heure, la tempête se calme et que, soudain, le chœur se met à murmurer les mots « Auferstehen wirst du » (« Tu ressusciteras ») comme une aurore qui se lève, un frisson parcourt la salle. Le temps s’est arrêté. Puis, peu après, les choristes hommes, se levant de leur siège, chantent à toute force « Was vergangen, auferstehen! » (« Ce qui est passé doit ressusciter ! »), tel un volcan qui se réveille. L’effet est colossal.

Le Chœur de Birmingham fut en tous points admirable. Admirables aussi, les deux solistes, la mezzo Catriona Morison et la soprano Eleanor Lyons. Tout cela pourra être constaté lors de la diffusion du concert sur Radio Classique le 22 octobre.

L’œuvre de Mahler ne doit pas nous faire oublier la Symphonie sacrée de Panufnik, qui fut entendue en début de concert. Ouverte par quatre trompettes qui étaient placées aux quatre coins de la scène, cette œuvre magnifique fait alterner les passages séraphiques où les cordes jouent en sons harmoniques, et les déchaînements orchestraux où les roulements de timbales et les clameurs des cuivres rivalisent d’intensité pour nous conduire à la fin vers une sorte de tonitruant hymne sacré. Cette symphonie avait remporté en 1963 à Monaco le Prix de composition Prince Rainier III – un souverain dont Monaco célèbre cette le centenaire de la naissance. L’œuvre n’avait plus été jouée depuis. C’était, pour elle aussi, une sorte de résurrection !

André Peyrègne