©hean-Charles Vinaj – OPMC
Monaco – Monte-Carlo (Auditorium Rainier III)
13 avril 2025
Lucas & Arthur Jussen (Piano)
Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Nicholas Collon (Direction).
Les frères Jussen bondissent sur scène. C’est au pas de course qu’ils se dirigent vers leurs pianos. Ils forment l’un des meilleurs duos de pianistes européens. Avec leur allure de jeunes premiers et leur physique de culturistes, ils affolent les jeunes gens de la salle qui les accueillent comme des rock stars. Ces frères Arthur et Lucas Jussen font souffler un vent de jeunesse sur la musique classique. Ils ont enflammé l’Auditorium de Monaco.
Lorsqu’ils sont au piano, c’est plus qu’un vent qu’il font souffler. Ils jouent en rafale le Concerto pour deux pianos de Poulenc. Il fallait voir leurs mains caracoler sur leurs claviers. D’un piano à l’autre, ils se répondaient à coups de gammes, de traits, d’accords. Les champions de tennis des Masters de Monte-Carlo ne mettent pas moins de vigueur à se renvoyer la balle au dessus du filet ! Ils accompagnaient leur jeu de mouvements spectaculaires de leurs corps. On croyait qu’Arthur allait se dévisser la tête et Lucas se décrocher les doigts. Au bout du compte, c’est le charme de la musique de Poulenc qui triompha. Un charme fou ! L’éclat de leur jeu était accompagné par la suavité du Philharmonique de Monte-Carlo.
Ils jouèrent en bis une époustouflante transcription de la Chauve-Souris de Strauss qu’un énigmatique Igor Roma a écrite pour eux. Un déluge de sons ! On a rarement entendu autant de notes en aussi peu de temps ! Pour calmer le jeu, ils entonnèrent ensuite un beau passage de la Passion selon saint Jean de Bach.
Après l’extraordinaire concert Ravel deux semaines plus tôt, dont le pianiste Nelson Goerner était le soliste, et dont Olivier Romani a rendu compte sur ce site, les amateurs de piano monégasques ne cessent d’être à la fête !
Lors de ce concert, un souffle de jeunesse venait aussi du chef anglais Nicholas Collon. Avec sa silhouette élancée et sa chevelure ramassée en arrière, il a l’air d’un grand adolescent.
Wikipedia nous affirme qu’il a 42 ans. Wikipedia doit se tromper ! Il ne les fait pas. Ce qui est sûr c’est qu’il nous a donné une version brillante, parfaitement en place, impeccablement rythmée, excellemment nuancée du Concerto de Bartok. Et le Philharmonique de Monte-Carlo brilla à tous ses pupitres.
A Paris on connaît les concerts Colonne, à Monaco on a découvert les concerts Collon.
André PEYREGNE – Résonances lyriques
13 avril 2025