©OPMC-communication
Monaco – Monte-Carlo (Auditorium Rainier III)
20 octobre 2024
« Deux artistes se sont partagés la vedette lors du dernier concert du Philharmonique de Monte-Carlo, le harpiste Xavier de Maistre et la cheffe Nathalie Stutzmann : le Maistre et la maestra !
Contrairement à certains musiciens ou chanteurs qui, à un moment de leur carrière, jouent à devenir chefs d’orchestre, Nathalie Stuzmann est une vraie cheffe. Elle ne fait pas semblant de diriger. Elle impose sa volonté à l’orchestre et façonne la musique selon ses désirs. Voilà pourquoi elle est devenue une vedette respectée à Bayreuth ou à New-York.
A Monaco, elle s’est imposée avec brio dans la rutilante Cinquième Symphonie de Chostakovitch à Monaco. Elle a donné à cette œuvre tout l’éclat que réclamaient les thèmes étincelants du premier mouvement, elle a mis en évidence le caractère enjoué du second et la mélancolie du troisième, elle a fait exploser l’esprit de fête du final. L’orchestre fut magnifique à tous les pupitres, avec des solos fins et élégants de la violoniste Liza Kerob, de la flûtiste Raphaëlle Truchot, du hautboïste Matthieu Bloch… et de bien d’autres, ainsi que les monumentaux coups de timbales de Julien Bourgeois sans lesquels le final de la symphonie n’aurait pas avancé de manière aussi somptueuse.
Nathalie Stutzmann nous fit découvrir en début de concert une partition chatoyante de la compositrice américaine contemporaine Missi Mazzoli, Orpheus undone. Il y est mis en évidence l’opposition entre l’avancée implacable du temps (marquée par les frappements réguliers d’un wood-block) et le comportement des individus menant chacun leur vie à leur rythme (individus représentés par les divers instruments de l’orchestre). Cela peut conduire à une aimable cacophonie voulue par la compositrice.
Le concerto de Mossolov que Xavier de Maistre interpréta n’est pas une grande œuvre – simplement le témoignage de la musique de l’URSS au milieu du XXème. siècle. Mais il la joua si magnifiquement qu’il eut un grand succès. On a ici la preuve que le talent des interprètes peut transcender les œuvres qu’ils jouent. Au bout du compte, mieux vaut une œuvre moyenne bien jouée qu’un chef d’œuvre massacré !
André PEYREGNE – Résonances lyriques