©Crédit photo: André Peyrègne
Monaco – Monte-Carlo (Auditorium Rainier III) – 25 janvier 2025
« Monaco est en pleine période mozartienne. Jusqu’à la mi février, un festival est consacré à ce compositeur. Bienvenue à Salzbourg-sur-Méditerranée !
La première soirée a été un extraordinaire Don Giovanni donné par l’orchestre et les solistes de l’Opéra de Vienne. Pendant ce temps, l’orchestre monégasque était en tournée en Allemagne et aux Pays-Bas et s’offrait un triomphe sur la scène prestigieuse du Concertgebouw d’Amsterdam.
Les Monégasques sont ensuite revenus en Principauté tandis que les Viennois étaient repartis. Etaient-ils vraiment repartis ? Pas sûr ! Lorsqu’on entendit samedi dernier l’orchestre de Monaco accompagner le Concerto pour clarinette de Mozart avec une élégance, une finesse et un raffinement qui nous prit au cœur, on eut l’impression que les Viennois étaient encore là. C’est le plus beau compliment que l’on puisse adresser aux musiciens monégasques ! Ils étaient dirigés par un chef qui est un maître en matière de musique des XVIIème et du XVIIIème, le célèbre Ton Koopman. Agé de 81 ans, ce chef qui a l’allure noble d’un professeur d’autrefois, avait su imposer aux musiciens de la Principauté ses coups d’archet, ses phrasés, ses articulations, ses respirations, ses suspensions. Ce fut un régal de les entendre.
Le soliste était le clarinettiste Pierre Génisson. Un clarinettiste d’élite. Il fit sienne la partition de Mozart. Elle devint « son » concerto. Dressé sur le devant de la scène, sans pupitre, il adressait à son public des phrases magnifiquement conduites, chatoyantes, idéalement ourlées. Il accompagnait son interprétation de mouvements ondulants du corps, dirigés tantôt côté cour, tantôt côté jardin afin que tous profitent de son jeu. Phrasé idéal, sonorité magnifique. La salle explosa en bravos. Il ajouta en bis une transcription d’un air de Chérubin des Noces de Figaro et la reprise du sublime “andante” du concerto pour clarinette.
En début de concert, étaient programmés les Feux d’artifice de Haendel. On entend souvent cette musique à la manière d’une fanfare populaire. Ici, l’interprétation de Ton Koopman eut une noblesse, une classe, une distinction qui la rendait majestueuse.
En fin de concert la Symphonie Militaire de Haydn. De « militaire », cette symphonie n’a que deux passages dans le deuxième mouvement et dans le final où le triangle, la grosse caisse et les cymbales s’en donnent soudain à cœur joie. On voit, à ce moment, trois instrumentistes surgir des coulisses et faire irruption au sein de l’orchestre, assurer leur numéro puis disparaître. Le reste de la symphonie n’est en rien guerrier, déployant la splendeur de l’écriture de Haydn.
Ton Koopman obtint de l’orchestre de Monaco qu’il en exprime la magnificence. Total respect ! »
André PEYREGNE – Résonances lyriques
25 janvier 2025