« Promenade dans le programme d’automne de l’OPMC»
Lors de cette première conférence, qui s’est ténue le 13 septembre 2018, André Pereygne, nous a exposé les moments exceptionnels de la programmation d’automne 2018.
L’intitulé de cette nouvelle saison 2018-2019 d’OPMC est « La Librairie Musicale ».
Notre chef d’orchestre K. Yamada souhaitait évoquer les rencontres entre la littérature et la musique, puisque plusieurs grands thèmes littéraires se trouvent impliqués dans la programmation de cette saison.
Cette année, Maxim Vengerov est le musicien en résidence.
Le violon de Vengerov – ce violon Stradivarius, l’un de plus beau violon du monde a appartenu à Kreutzer (le fameux violoniste à qui Beethoven a consacré sa « Sonate à Kreutzer »).
Kreutzer était un grand violoniste de début du 19-ème siècle. Il n’est d’ailleurs pas impossible que le violon détenu entre les mains de Monsieur Vengerov ait été ….entre les mains de Beethoven.
Le premier concert de cette saison a lieu cette année le 21 septembre, est intitulé « Destins Partagés ». Ce thème du destin est un thème célèbre dans la littérature et celui-ci inspirait également les musiciens.
En ouverture de ce concert on retrouvera « La Force du destin » de Verdi.
Cette ouverture est d’ailleurs très célèbre, on y retrouve le rythme de la 5-ème Symphonie de Beethoven. Et ce n’est pas un hasard si Verdi a choisi ces trois notes brèves, car il était en effet inspiré par la 5-ème symphonie de Beethoven.
Au cours de ce concert du 21 septembre nous entendrons le Concerto pour Violon de Dimitri Chostakovitch, interprété par Maxim Vengerov.
Il n’y a pas vraiment de message de destin dans ce Concerto! Mais dans le 3-ème mouvement il y a bien une évocation de ces quatre notes de début de Symphonie de Beethoven dans l’élan rythmique.
Le concerto dure environ 35 minutes et il est composé de quatre mouvements, avec une cadence liant les deux derniers :
1 Nocturne (Moderato) – un hommage au premier mouvement du Concerto pour violoncelle d’Elgar.
2 Scherzo (Allegro) – Danse démoniaque.
3 Passacaglia (Andante) – Utilise le thème du destin de Beethoven, l’incorporant dans la cadence pré-burlesque.
4 Burlesque (Allegro con brio – Presto) : – Le thème de l’entrée du premier violon ressemble à celui de l’entrée de la flûte solo dans Petrouchka de Stravinsky. Le Scherzo est remarquable par son utilisation du motif DSCH qui représente le compositeur lui-même (signature de Chostakovitch).
Le troisième mouvement nous raccroche au thème de ce concert qui est le destin. Le début de la passacaille est aussi remarquable pour la juxtaposition du thème de Staline de la Septième symphonie avec le thème du destin de la Symphonie n° 5 de Beethoven.
La partie de violon dialogue ensuite, ou s’oppose à divers pupitres de l’orchestre. Le violon apporte sa lumière au milieu de toute cette noirceur, cette tragédie.
La fin du mouvement est une grande cadence, qui s’enchaîne avec la Burlesque conclusive : il s’agit d’une fête populaire d’un entrain irrésistible, au milieu de laquelle repasse une réminiscence du thème de la Passacaille.
Le 12 octobre nous entendrons la Symphonie n°4 de Tchaïkovski.
Cette symphonie est également appelée la symphonie du destin. Le destin de Tchaïkovski a été un destin tragique.
A bien des égards, sa Quatrième symphonie peut être considérée comme l’une des plus intéressantes du maestro russe. Elle ouvre le triptyque des dernières symphonies et introduit l’idée du fatum, terrible « épée de Damoclès ». Inutile de préciser son lien avec la cinquième de Beethoven, la fameuse symphonie dite du « Destin »…
Sa composition en 1877 coïncide avec le début d’une longue et curieuse conversation épistolaire entre Tchaïkovski et Nadejda von Meck, amie et mécène qu’il ne rencontrera jamais. Dans une longue lettre, il lui explique en détails le programme de sa nouvelle symphonie, qu’il lui dédie.
Le premier mouvement expose le thème du fatum, « cette force fatale qui empêche l’aboutissement de l’élan vers le bonheur ». S’en suit un Andantino qui met en lumière « une autre phase de l’angoisse (…), cet état mélancolique qu’on éprouve le soir lorsqu’on est seul, fatigué, après le travail ». Après les « arabesques capricieuses » du Scherzo qui évoquent « la première phase de l’ivresse », l’Allegro final brosse « le tableau d’une grande fête populaire ». Mais le fatum n’a pas dit son dernier mot et, de manière implacable, vient assombrir l’ensemble.
Le 30 septembre à la Salle Garnier nous entendons un concert intitulé « L’âge du Baroque » avec comme chef d’orchestre, le grand Ton Koopman.
Nous ne l’avons d’ailleurs encore jamais entendu ici même, à Monaco. Ce concert commencera par une œuvre de Jean –Fery Rebel (Le Chaos).
En 1705, il fut recruté parmi les Vingt-quatre Violons du Roi. Il devint plus tard maître de musique à l’Académie royale de Musique en 1716, puis compositeur de la Chambre du roi en 1726, et enfin maître de musique de l’Académie Française en 1742
Les quatre entrées du prologue font allusion au chaos, faisant apparaître les quatre éléments : l’Air, l’Eau, le Feu et la Terre.
Au cours de ce concert on entendra une œuvre, une symphonie en sol majeur, de Carl Philip Emmanuel Bach, le fils de Johann Sébastian Bach, qui eut 21 enfants. Les quatre fils de Bach ont laissé les traces dans l’histoire de la musique. Considéré comme exemple par beaucoup de musiciens de la seconde moitié du XVIIIe siècle, Carl Philipp Emanuel Bach est admiré par Joseph Haydn (qui étudia en particulier son œuvre pour clavier), Mozart ( il dirigea en 1788 à Vienne son oratorio Die Auferstehung und Himmelfahrt Jesu : « La Résurrection et l’Ascension de Jésus ») et par Beethoven qui demanda plusieurs fois à l’éditeur Breitkopf de lui envoyer des œuvres de Carl Philipp Emanuel.
Le concert du 5 octobre est intitulé « Amours Interdites ».
Nous entendons deux versions de Roméo et Juliette : de Tchaïkovski et de Prokofiev.
Tchaïkovski a composé une magnifique ouverture, consacrée au Roméo et Juliette. C’est une des plus belles musiques romantiques.
Ce poème symphonique conquiert le public dès sa première représentation. Il est bâti autour de deux thèmes opposés : d’un coté la discorde, de l’autre l’amour (Roméo et son caractère passionné ; la tendresse de Juliette). Entre les deux, celui de la mort. Muni de ces clés de décryptage, comment ne pas se laisser entrainer par l’histoire ? Les images musicales se succèdent : le début sombre joué par les bois puis par les cordes graves, inquiétantes ; la harpe, entre mystère et féerie ; la douceur et la grâce des violons en pizzicato (les cordes sont pincées avec les doigts) ; les silences inquiétants ; l’emportement du tutti (tout l’orchestre) ; la violence des roulements de timbales. Un tourbillon de sentiments entraine l’auditeur.
Roméo et Juliette de Prokofiev, c’est la musique pour un ballet
Lorsque le ballet du Kirov de Leningrad demande une œuvre à Prokofiev, ce dernier propose le thème de Roméo et Juliette. Refus. Il se tourne vers l’autre grand ballet, le Bolchoï de Moscou, qui juge la partition trop complexe rythmiquement pour être dansée. Après maints rebondissements, le Kirov accepte enfin. Quel parcours chaotique pour une œuvre aujourd’hui parmi les plus célèbres !
La Danse des Chevaliers est un extrait parmi les plus emblématiques. Elle incarne la menace qui pèse sur les deux protagonistes et la mort qui les attend. Un thème donné aux cuivres, puissant, rythmique et appuyé par de pesantes timbales donne le ton. Les violons, avec leurs mélodies décousues au rythme pointé, se déploient par dessus, contrés par l’opposition agressive des cuivres (trombone, cors, tubas). D’incisifs roulements de caisse claire (petit tambour à fond plat qui résonne de façon métallique) donnent une couleur militaire non anodine. Aucun doute, c’est un drame qui se joue là.
Nous entendons également une œuvre, donnée en création mondiale, d’un compositeur japonais Dai Fujikura, qui fût la camarade de classe de conservatoire de notre chef d’orchestre Kazuki Yamada.
Le 12 et le 14 octobre nous entendrons une œuvre d’un grand compositeur contemporain, estonien Arvo Pärt. Créateur d’une musique épurée, d’inspiration profondément religieuse, Arvo Pärt a composé des œuvres jouées dans le monde entier et reprises dans plus de 80 disques compact. Inspiré par le chant grégorien et la polyphonie ancienne, le compositeur Estonien a développé son propre style appelé tintinnabuli (« petites cloches » en latin).
Le 14 octobre nous entendrons Concerto pour violon de Max Bruch par le grand virtuose Vadim Repin.
Contemporain et ami de Johannes Brahms avec lequel il a beaucoup été comparé, Max Bruch est un compositeur allemand du XIXème siècle. Son style et son sens de la mélodie, caractéristiques du mouvement romantique, lui assurent une renommée européenne ;
Cependant, le refus de Bruch d’adhérer aux innovations post-romantiques à la fin du siècle limita sa notoriété.
Ensuite, toujours le 14 octobre, Kazuki Yamada er Vadim Repin nous présenteront la Symphnie n°2 de Johannes Brahms.
Johannes Brahms est un compositeur qui se situe à la charnière entre le classicisme et le romantisme : il compose une musique romantique dans son expression, mais reste attaché aux grands maîtres préclassiques et classiques dans la structure solide de son écriture.