Auditorium Rainier III
09/01/2022
Maurice Ravel : Le Tombeau de Couperin – Concerto en sol
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 4, opus 36
Martha Argerich (piano)
Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Charles Dutoit (direction)
Ces vingt minutes-là, on les attendait depuis des semaines, depuis des mois. On les attendait comme un bonheur promis. On redoutait qu’elles n’aient pas lieu. Elles se sont finalement déroulées. Et elles ont été encore plus belles qu’on ne l’espérait. Ces vingt minutes étaient celles du Concerto en sol de Ravel interprété par Martha Argerich. Elles se sont déroulées lors du dernier concert du Philharmonique de Monte-Carlo. Vingt minutes marquantes dans la vie d’un mélomane !
A 80 ans, notre Martha a une virtuosité, une énergie, un dynamisme proprement époustouflants. Et, avec cela, une inventivité dans les phrasés du premier mouvement, une élégance dans le deuxième, une fulgurance dans le troisième qui nous laissèrent béats d’admiration. Et partout des trilles étincelants, des contrastes sonores à n’en plus finir ! Vous l’aurez compris, ce Concerto de Ravel par Martha Argerich marquera notre début d’année.
Lancé sans faiblir à la poursuite de la soliste, le Philharmonique de Monte-Carlo fut drivé d’une main sûre par Charles Dutoit. Car, en plus de Martha Argerich, Charles Dutoit était à l’affiche. A Monaco, on ne fait pas dans la demi-mesure ! A 85 ans, ce chef demeure un magicien. En dirigeant au début du concert Le Tombeau de Couperin, il obtint des musiciens une finesse, une transparence rares pour un orchestre qui est habitué aux grands monuments symphoniques.
La manière dont Charles Dutoit fit jouer cette œuvre de Ravel fut peut-être plus admirable encore que celle avec laquelle il fit vrombir les crescendos et tonitruer les fanfares de la Quatrième Symphonie de Tchaïkovski. Cette symphonie remplaçait Le Sacre du printemps de Stravinsky initialement prévu, annulé à cause du trop grand nombre de « cas contacts » parmi les musiciens. Et c’est ainsi que Stravinsky fut victime collatérale d’Omicron.
André Peyrègne